Où étaient les rayons estivaux ? Ceux qui réchauffent le cœur et l'âme en même temps ? Ici, une neige humide, se mêlant à la poussière des chemins. Installé dans l'office, avec les gens de cuisine, il lisait à voix haute des passages entiers du Livre des Vertus. Qu'importait pour les gueux les Logions de Christos ? Certains écoutaient d'une oreille distraite, ce petit diacre leur raconter les histoires qu'ils entendaient déjà à la messe, le dimanche. Ils portaient plus attention aux verjus bouillonnants, aux livraison de charcuteries italiennes ou à la cuissons des pâtés de volaille. Fort heureusement pour lui il était le neveu des maîtres, sinon, ils l'auraient jetés hors de la cuisine. Dehors, dans le froid coupant de février.
A côté, la salle des gardes était remplie de rire gras et sonores. Le vin devait y être servi à foison. C'est là, qu'il aurait dû lire le Livre. Avec ces rustres qui ne savaient ni lire, ni écrire, seulement jouer aux dés leur maigre solde. Il y eut un fracas, quand entra une sentinelle, un peu essoufflée. Il s'écria auprès des gardes, assez fort pour que Constantin puisse l'entendre :
Hé, les gars. Les brigands, ils poursuivent un carrosse, là bas sur la route.
Constantin, levant les yeux de son livre, s'approcha de la salle des gardes.
Oui, oui... Je leur donne pas dix minutes avant de les dépecer... faut être fou pour venir en Touraine comme ça... Encore un qui n'a pas demandé de laisser-passer...
Le sang du diacre ne fit qu'un tour, il s'avança vers la salle et dit :
Qu'est ce que j'entends ? Vous n'iriez point porter secours à de pauvres malheureux, poursuivis ?! Mais du nerf ! Debout, prenez armes et chevaux !
Le jeune diacre n'aimait pas particulièrement les armes, pour preuve, il n'en portait jamais. Ce jour là, il ne s'arma pas non plus. Si Dieu avait désiré le faire mourir aujourd'hui, Constantin ne pouvait lutter. Qui était il, pour s'opposer à la volonté du Très Haut ? Il sortit précipitamment dans la cour en hurlant qu'on fasse ouvrir les portes et lever la herse.
Non loin, coursé par quelques cavaliers, un carrosse bringuebalait vers le domaine Auditore. Monté sur un palefroi fort lourd, bien moins rapide que les chevaux des adversaire, mais plus imposant, il s'aventura, suivi de quelques gardes armés de lances, hors du domaine. Sur les murailles, des archers, qui tireraient à la moindre occasion, amusé à l'idée de s'exercer enfin.
Et le Diacre de s'élancer vers le carrosse, soulevant neige et poussière.